SAMAYA x ICE & LIFE
LA SCIENCE AU SERVICE DE LA PROTECTION DES GLACIERS
En 2022 et 2023, le projet Ice & Life a réalisé des campagnes terrain sur plusieurs glaciers de Haute-Savoie, afin de compiler des données naturalistes sur l’état écologique de ces espaces et de mieux les protéger. La dernière mission s’étant achevée à l’été 2023, Kenzo Héas, chargé de projet, nous partage son expérience sur les réalités du terrain.
Kenzo Heas : L'enjeu principal d’Ice & Life est de mieux connaître pour pouvoir mieux protéger. C’est un projet qui vise à développer les connaissances scientifiques pluridisciplinaires sur les glaciers et les écosystèmes qui succèdent à leur retrait, ce que l’on appelle les écosystèmes postglaciaires.
Sur le terrain, nous réalisons des inventaires de la faune, par des observations naturalistes opportunistes. Pour les glaciers reculés, il s’agit souvent des premières observations réalisées sur ces zones. Nous passons énormément de temps à observer la faune que l’on géoréférence. Nous réalisons également des indices ponctuels d’abondance pour l'avifaune. Nous choisissons des marges proglaciaires, soit l'espace entre la limite du glacier en 1850, le « Petit Âge Glaciaire » et le front actuel du glacier. On place un point GPS au sein de cette zone et on recense tout ce qu'on a en contact visuel et auditif. Cette opération est répétée plusieurs fois par marge proglaciaire.
Finalement, nous réalisons des inventaires de la flore, en recensant l'ensemble des plantes qu'on retrouve sur ces milieux à différentes distances du glacier.
Sur le terrain, nous réalisons des inventaires de la faune, par des observations naturalistes opportunistes. Pour les glaciers reculés, il s’agit souvent des premières observations réalisées sur ces zones. Nous passons énormément de temps à observer la faune que l’on géoréférence. Nous réalisons également des indices ponctuels d’abondance pour l'avifaune. Nous choisissons des marges proglaciaires, soit l'espace entre la limite du glacier en 1850, le « Petit Âge Glaciaire » et le front actuel du glacier. On place un point GPS au sein de cette zone et on recense tout ce qu'on a en contact visuel et auditif. Cette opération est répétée plusieurs fois par marge proglaciaire.
Finalement, nous réalisons des inventaires de la flore, en recensant l'ensemble des plantes qu'on retrouve sur ces milieux à différentes distances du glacier.
KH : On a réalisé des campagnes terrain en 2022 et 2023, afin de voir le type de biodiversité qui se développe sur ces espaces nouvellement désenglacés. Au total, nous avons prospecté 27 systèmes glaciaires en deux ans, majoritairement dans le massif du Mont Blanc et dans le massif des Aiguilles Rouges.
Nous réalisons nos inventaires dans des zones protégées comme des réserves naturelles et des zones non protégées, au sens juridique du terme. Les zones non protégées sont sujettes à de potentielles dégradations en lien avec l’activité humaine et l’installation de nouvelles infrastructures. Nos états des lieux et diagnostics terrain permettent de fournir des connaissances sur l’état de ces milieux soumis à différents degrés d’anthropisation et à des niveaux de fréquentation plus ou moins élevés.
C’est un travail que nous avons notamment réalisé au glacier de Tré-la-Tête, dans la réserve des Contamines Montjoie, un espace protégé soumis à des réglementations. A l’inverse, d’autres marges proglaciaires où nous avons travaillé sont de véritables déchetteries à ciel ouvert, comme par exemple au Lognan, au-dessus du col des Grands Montets à Chamonix, un espace tout récemment désenglacé dans lequel on trouve des déchets de stations de ski et des remodelages du terrain, faisant état de grande dégradation de cet espace. On se retrouve ici avec deux sites issus du même massif présentant différents niveaux de dégradation, en fonction de la territorialité de la protection.
Nous réalisons nos inventaires dans des zones protégées comme des réserves naturelles et des zones non protégées, au sens juridique du terme. Les zones non protégées sont sujettes à de potentielles dégradations en lien avec l’activité humaine et l’installation de nouvelles infrastructures. Nos états des lieux et diagnostics terrain permettent de fournir des connaissances sur l’état de ces milieux soumis à différents degrés d’anthropisation et à des niveaux de fréquentation plus ou moins élevés.
C’est un travail que nous avons notamment réalisé au glacier de Tré-la-Tête, dans la réserve des Contamines Montjoie, un espace protégé soumis à des réglementations. A l’inverse, d’autres marges proglaciaires où nous avons travaillé sont de véritables déchetteries à ciel ouvert, comme par exemple au Lognan, au-dessus du col des Grands Montets à Chamonix, un espace tout récemment désenglacé dans lequel on trouve des déchets de stations de ski et des remodelages du terrain, faisant état de grande dégradation de cet espace. On se retrouve ici avec deux sites issus du même massif présentant différents niveaux de dégradation, en fonction de la territorialité de la protection.
Pour la dernière campagne de l’été 2023, vous avez passé beaucoup de temps en montagne.
Comment l’expérience du bivouac s’intègre-t-elle dans vos recherches ?
Comment l’expérience du bivouac s’intègre-t-elle dans vos recherches ?
KH : Toute notre campagne terrain de cet été s’est déroulée en bivouac. On a majoritairement utilisé les Samaya NANO BIVY, dès lors qu’il ne pleuvait pas, sinon on se réfugiait sous la tente. On apportait énormément de matériel avec nous, notamment des jumelles et des bouquins pour la faune et la flore. On devait donc économiser des kilogrammes ailleurs et le bivy a été pour nous une petite révolution tant il est léger.
Une fois les preuves empiriques récoltées et l’état des lieux effectué, comment passer de l’observation et de la compilation de données à la véritable protection des espaces ?
KH : Pour passer ce projet au plan macro, on développe beaucoup de partenariats scientifiques avec des modélisateurs glaciaires suisses qui prédisent à travers les scénarios du GIEC et la topographie sous glaciaire comment seront les glaciers au fur et à mesure du siècle. A partir de ces modélisations, on met en avant les différents types d'écosystèmes qui se développeront après les glaciers, que ce soit des fjords, du terrestre, des forêts, des landes, des pelouses ou du lacustre, ainsi que la vitesse de ces changements.
Afin de protéger ces glaciers, on travaille avec les acteurs du territoire pour faire évoluer les mentalités, en expliquant précisément ces phénomènes et leurs impacts. Nous poussons à voir la Nature comme un bien commun plutôt qu’une ressource sujette à privatisation. Le message que nous faisons passer au niveau territorial est que les glaciers et les systèmes qui leurs succèdent sont un vivier de biodiversité et qu’il est impératif de les protéger, tant du point de vue environnemental que du point de vue économique. Ces espaces sont un refuge pour la Nature et garant de la ressource eau, essentielle pour chaque être vivant de cette planète.
Afin de protéger ces glaciers, on travaille avec les acteurs du territoire pour faire évoluer les mentalités, en expliquant précisément ces phénomènes et leurs impacts. Nous poussons à voir la Nature comme un bien commun plutôt qu’une ressource sujette à privatisation. Le message que nous faisons passer au niveau territorial est que les glaciers et les systèmes qui leurs succèdent sont un vivier de biodiversité et qu’il est impératif de les protéger, tant du point de vue environnemental que du point de vue économique. Ces espaces sont un refuge pour la Nature et garant de la ressource eau, essentielle pour chaque être vivant de cette planète.