SAMAYA x JULIEN LACRAMPE
160 SOMMETS PYRÉNÉENS EN 25 JOURS
À la suite d’un accident de parapente en 2022, Julien Lacrampe, grimpeur aguerri, se lance dans la traversée des Hautes-Pyrénées, par ses sommets, en un mois. Pour Samaya, Julien nous raconte son expérience, de la gestion du risque à l’autonomie en altitude.
Comment t’es venue l’idée de réaliser ce projet ?
Julien Lacrampe : Après ma chute en parapente l’année dernière, j’ai décidé de reprendre doucement la grimpe en faisant le tour des Hautes-Pyrénées, en suivant la frontière sur 800 km, par les sommets et les crètes. C’était une façon de redécouvrir ma région natale et de la faire briller à travers un film. Je voulais montrer qu’il y a des choses magnifiques à faire à la maison et qu’on peut tout à fait réaliser des expériences plus engagées, même à 3000 mètres d’altitude.
Ton projet a duré un mois, comment t’organisais-tu ?
JL : J’ai emmené mon ami et vidéaste Hugo avec moi sur tout le projet. J’étais majoritairement seul, passant de sommets en sommets pour quelques jours, puis Hugo me rejoignais pour me ravitailler en nourriture, faire quelques longueurs de grimpe avec moi avant de redescendre pour les jours suivants. Comme je restais un mois dans la montagne pour réaliser cette traversée, ce n’était pas envisageable de partir avec autant de nourriture. J’aurais été beaucoup trop lourd et ça aurait empêché ma progression. Ça aurait même été plus dangereux, puisque je traversais majoritairement par les sommets, ce qui implique beaucoup d’escalade et nécessite la plus grande légèreté.
En altitude et sur une aussi longue période, tu as dû faire face à des conditions météorologiques changeantes. Comment as-tu géré cette variable ?
JL : Au début de ma traversée, il ne faisait pas très beau. Je me suis quand même lancé et je me suis retrouvé pendant 5 jours complètement trempé, sans arriver à faire sécher mes affaires le soir. Mais ça créait une ambiance dans le brouillard. C’était spécial. J’étais quand même content de profiter du beau temps les 20 jours suivants. J’ai pu rester constamment dans les montagnes, en moyenne à 2 500 mètres, pour effectuer 160 sommets. C’était une belle bambée. Mes journées étaient plutôt intenses. Je me levais vers 7 ou 8 heures et je me posais le soir vers 7 heures. Il n’y a pas de secrets si on veut avancer. Sur quelques portions, j’ai été rejoint par des amis. Le rythme était plus calme et je profitais différemment. Lorsque je progressais seul, je bivouaquais. Ce qui était génial avec la tente, c’est que même là-haut, coincé au cœur des tempêtes, j’étais confortable dans ma tente qui était super étanche.
La notion du risque est différente lorsqu’on est seul ou à plusieurs. Comment l’as-tu appréhendé ?
JL : Finalement, malgré les visites d’Hugo et les portions partagées, j’ai passé énormément de temps tout seul. Cette situation ajoutait de gros enjeux de responsabilisation au niveau de la sécurité. Pour les ascensions, je choisissais des longueurs en deçà de mon niveau, pour assurer ma sécurité. Une fois arrivé au sommet, je désescaladais de l’autre côté quand ce n’était pas trop difficile, puis je tirais des rappels, avec mes 15 mètres de corde. Les parties descendantes me poussaient à beaucoup réfléchir et analyser mon environnement. Je n’avais pas le droit à l’erreur.
©Photographies réalisées par Hugo Aussenac