SAMAYA x SÉBASTIEN MAFLIN
TREK EN AUTONOMIE AVORTÉ À MADÈRE
Sébastien Maflin, grimpeur, photographe et vidéaste, s’est rendu à Madère en novembre 2023 pour y réaliser une traversée de la région en solo et en totale autonomie. Une chute à mi-parcours l’a forcé à rebrousser chemin. Dans cet article, Sébastien nous partage son organisation lors de son trek et de ses bivouacs et sa vision de l’échec.
« J’avais repéré un circuit de trail qui débute du nord de Madère et qui descend jusqu'au sud-est de Lille. J’ai redessiné cette trace pour m’assurer de ne pas suivre les chemins de trail, afin d’être seul. Mon itinéraire passait par des sommets, des côtes et me faisait traverser des zones avec des climats et des ambiances hyper différents. Du bord de mer aux plages de sable noir paradisiaques à des endroits très humides proches de la jungle ou encore des zones beaucoup plus arides : je voulais tout traverser.
Il y a ce que l’on appelle la Banana Line, soit la zone au-dessus de laquelle plus rien ne pousse et où il fait froid. C'est assez particulier parce qu’en-dessous, on baigne dans un climat tropical et une fois traversée cette barrière de nuages, on se retrouve sur des crêtes inondées de couchers de soleil absolument incroyables, avec cette impression de montagnes qui flottent.
Je suis parti en autonomie totale. J’avais une pompe filtrante pour pouvoir boire l’eau des rivières, j'avais toutes mes rations de nourriture avec moi, mon duvet, mon matelas, ma tente et mes appareils photos et vidéos. Tout ça tenait dans mon sac de 16 kilogrammes, je n’avais jamais été aussi léger. La légèreté de la tente Samaya INSPIRE2 a été grandement appréciable.
Je me levais lorsque le soleil me réveillait et après un petit-déjeuner rapide, je marchais toute la matinée, sans pause, jusqu’au déjeuner. L’après-midi, je repartais jusqu’à trouver un endroit où poser mon bivouac. Je commençais à regarder un peu sur ma carte les zones à moindre relief, en gardant 3 kilomètres de marge et en écartant directement les segments trop pentus ou trop ventés. La Samaya INSPIRE2 ne prend pas énormément de place, ce qui facilite la tâche pour trouver le bon endroit. J’ai ainsi pu dormir au creux d’une vallée, au cœur d’une forêt et au sommet d’un col où j’ai essuyé une tempête de vent et de pluie. J’ai été impressionné de passer une si bonne nuit, au sec.
Le fait d’être seul ne m’a pas du tout dérangé, au contraire, c’est ce que je recherchais. En revanche, j’ai été surpris de me retrouver en situation de stress de manquer d’eau. Les cours d'eau indiqués sur mes cartes n’étaient pas forcément aussi accessibles que ce qu’ils en avaient l’air. Plusieurs fois, les rivières étaient en réalité obstruées sous des rochers, rendant impossible le remplissage de ma gourde. J’ai dû gérer ce stress quotidien que je n’avais pas imaginé.
Au bout du troisième jour, j'ai glissé sur la fin de l'ascension de Pico do Ariero. J’ai essayé de me rééquilibrer, mais le poids de mon sac à dos m’a emporté et mon genou s’est tordu, provoquant une inflammation du ligament.
En me levant le lendemain matin, je ne pouvais pas m’appuyer sur ma jambe. J’ai dû redescendre en déportant mon poids sur mes bâtons.
Je me suis dit que j’allais attendre quelques jours pour voir si je pouvais repartir de là où je m’étais arrêté, mais c’était impossible. Parfois, il faut savoir dire stop.
Se prendre un but, ça fait partie de ce genre de projet. Il faut éviter de se remettre trop en question, ce sont des situations qui arrivent, surtout en montagne, et desquelles il faut savoir en tirer le meilleur. Sur le moment, la frustration prend le dessus, mais il est important de prendre ça avec philosophie. »