SAMAYA x ED HANNAM
A LA CONQUÊTE DE NOUVEAUX SOMMETS DANS L’HIMALAYA CHINOIS
Ed Hannam, Marco Del Vecchio, Benji Brennan et Alex Tang sont des alpinistes foulant les montagnes encore jamais explorées, allant découvrir les zones reculées de la partie chinoise de l’Himalaya. En décembre 2023, ils ont tenté d’atteindre le sommet du Tchiburongi, à presque 6000 mètres d’altitude. Ed nous raconte les difficultés du terrain sur cette montagne délaissée.
« L’enjeu qui nous anime est de grimper une longue distance sur le versant nord de l'Himalaya en hiver, côté chinois, en parfaite autonomie. Parfois, nous utilisons des chevaux, mais nous n'engageons pas de porteurs. Ce premier voyage était à caractère exploratoire, afin de mieux comprendre le terrain, voir à quoi ressemble la neige et l’état des glaciers.
A cause du climat politique, personne ne se rend dans cet endroit. Nous sommes la seule équipe en hiver dans le nord de l'Himalaya, même les équipes chinoises ne s’y aventurent pas. Être seuls dans un endroit méconnu est une étrange sensation. Cela nous plaît beaucoup, nous sommes habités par une large soif de découverte et nous sommes prêts à repousser nos limites dans ce terrain inhospitalier. A notre arrivée, la dégradation des glaciers était flagrante. La découverte de ce spectacle nous a fait froid dans le dos, mais n’a pas entamé notre désir de sommet.
Nous avons déterminé deux itinéraires principaux, menant au sommet du Tchiburongi, avoisinant les 6000 mètres. Ce pic se situe dans le massif du Minya Konga, méconnu de la plupart des alpinistes qui préfèrent se rendre au Népal ou au Pakistan. La Chine ayant été fermée pendant longtemps, personne ne sait vraiment ce qui se trouve là-bas. Le seul moyen d’avoir des informations est de s’y rendre et de découvrir progressivement. C’est un endroit qui évolue très rapidement : l’accessibilité des routes, la possibilité de recourir à des chevaux, tout ça est très récent.
La particularité de cette zone réside dans le fait de pouvoir réaliser la première acclimatation au cœur des villes, déjà très hautes en altitude. Nous pouvons conduire jusqu'à 5000 mètres et profiter des bars à espresso à cette altitude. L’acclimatation s’effectue de manière beaucoup plus efficace, ce qui permet de mieux grimper, plus rapidement et in fine potentiellement aller dans des voies plus difficiles.
A cette période de l’année, les jours sont très courts. Nous passons presque 14 heures par jour dans l'obscurité, ce qui nous a demandé un temps d’adaptation et de logistique terrain avant de nous lancer à la poursuite de notre objectif.
Notre première tentative nous a conduits à se lancer vers deux sommets, Melcyr et Lamoshe, un premier pour s’acclimater et un deuxième à plus haute altitude. Mais une fois sur place, les conditions se sont révélées très dures. Nous ne pouvions pas progresser sur le glacier, car la fonte de la glace avait peu à peu laissé la place aux rochers jadis recouverts, empilés les uns sur les autres, formant de vastes trous. Avec nos sacs lourds et volumineux, la progression s’est avérée trop difficile et trop dangereuse. Nous avons rebroussé chemin pour tenter un autre itinéraire, mais nous nous sommes finalement retrouvés dans des conditions encore plus délicates.
Une fois les corps et les esprits reposés, nous sommes repartis pour notre seconde tentative, sur un autre itinéraire, vers une voie que nous pouvions apercevoir, non loin de l'arête nord. Nous avons entamé notre progression, mais avons très vite manqué de temps. Nous nous déplacions lentement et difficilement, plus que ce que nous avions imaginé. Le temps passait à toute vitesse et il faisait extrêmement froid ! Sur ce versant nord, nous n'avons jamais vu le soleil. A deux, nous ne pouvions pas porter tout ce dont nous avions besoin pour passer plus de temps sur cette traversée. Nous avons été contraints de faire demi-tour.
Nous avons réitéré les tentatives, mais nos méthodes manquaient encore de perfectionnement. Toutefois, les parties d'escalade que nous avons pu réaliser ont été incroyables, sur des pentes très froides et très raides de ce versant nord.
Nous laissons derrière nous ce massif et l’objectif inachevé. Nous y retournons en mars, avec cette expérience déjà accumulée. Le terrain aura sans doute encore évolué, mais notre détermination restera, elle, inchangée. Nous nous appuierons à nouveau sur notre équipement Samaya. La légèreté de nos tentes nous permet de gagner des grammes, que l’on peut convertir en nourriture ou en carburant supplémentaire. La charge totale ne s'allège pas, mais la répartition du grammage est bien meilleure. Dans ce genre d’expédition, cet équipement fait une grande différence.
Finalement, je pense que ces endroits sont le futur de l’alpinisme. Actuellement, tout le monde se rend au Népal et au Pakistan et continue de faire plus ou moins la même chose. Dans dix ans, d'autres personnes nous rejoindrons dans ce coin isolé. »